Les sanglots longs du violon...

Sophie Boudarel de la Gazette des ancêtres propose tous les mois d'écrire sur un thème. Voici donc ma participation au #geneatheme de mars sur les objets de famille.

Le violon du Père Cestac a une histoire très fortement liée à celle de ma famille, aussi je souhaite en parler, même si je n'ai pas de photo de cette objet.

Le père Cestac - photographie non datée - collection des Servantes de Marie


Édouard Cestac (1801-1868), prêtre du diocèse de Bayonne était le cousin germain d'une de mes ancêtres, Marie Cestac (1807-1865).

Leurs pères étaient frères, Bernard (1758-1827), père de Marie, et donc mon aïeul, et Dominique (1762-1839) Cestac, les neuvième et onzième (ou douzième, puisqu'il avait un jumeau) d'une famille de douze enfants originaire de Sarriac-Magnoac dans le pays des Quatre-Vallées.
Tous deux ont quitté leur région d'origine pour s'installer à Bayonne, l'un comme chirurgien (Dominique) et l'autre comme perruquier (Bernard).
Je ne sais pas encore exactement quand ils sont arrivés à Bayonne, ni même s'ils sont partis ensemble. Toujours est-il qu'ils s'y marient, Bernard en 1793 avec Jeanne Aubert (j'en ai parlé ici), et Dominique en 1795 avec Jeanne Amitessarobe.

A Bayonne, les cousins se côtoyaient, et à l'âge adulte, ils se retrouvaient pour jouer de la musique. Marie était au piano et Édouard au violon.


La légende familiale rapporte l'histoire suivante : un jour que les deux cousins étaient chez Marie, à jouer de la musique, la fenêtre étant ouverte, des passants se sont arrêtés dans la rue pour les écouter. A la fin du morceau, ils se mirent à applaudir les artistes.
Le père Cestac - je ne sais quand cette histoire a eu lieu, et donc s'il était déjà prêtre, ou simplement séminariste - gêné dans son humilité par ces acclamations, déclara qu'il ne jouerait plus jamais du violon de sa vie, afin de ne pas être tenté par le péché d'orgueil.
Il laissa donc son violon à sa cousine, et celui-ci est toujours dans la famille aujourd'hui, chez une de mes tantes.



Mais l'histoire ne s'arrête pas là : le père Cestac a fondé deux congrégations religieuses féminines, à Anglet : les Servantes de Marie, qui sont enseignantes et hospitalières, et les Solitaires de Saint Bernard ou Bernardines, qui accueillent des femmes qui veulent quitter la prostitution pour une vie de prière et de travail dans le silence et la solitude.

La famille est toujours resté en contact avec ces religieuses. Celles-ci connaissaient l'histoire du violon, et savaient donc que nous le conservions. Régulièrement, elles demandaient à mon arrière-grand-mère, la petite-fille de Marie Cestac, si elle ne voulait pas leur donner le violon.
Encore lors de la dernière guerre, elles lui ont posé la question : mon arrière-grand-mère leur a alors répondu que si tous ses fils (ils étaient cinq) revenaient vivants de la guerre, elle leur donnerait le violon.
Hélas, si les quatre aînés sont revenus vivants, mon grand-oncle Jacques, né en 1924, qui faisait partie du premier groupe des Commandos légers de France, est décédé le 26 novembre 1944 à Masevaux (68).


Le violon est donc resté dans la famille, même s'il a été a plusieurs reprises prêté aux sœurs à l'occasion d'exposition.

ma parenté avec l'abbé Cestac


Dans l'arbre : Bernard Cestac - Marie Cestac - Alexandre B. - mon arrière-grand-mère - mon grand-père

Commentaires

  1. Quelle histoire ! Elle valait en effet la peine d'être contée, c'est un très joli souvenir associé à cet homme de foi.

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    1. Merci Christelle ! Je rêve de pouvoir voir ce violon un jour !

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  2. Très belle histoire, double histoire d'ailleurs !
    Et ce violon a quand même traversé les années.
    C'est vraiment incroyable de l'avoir conservé ainsi que l'histoire associée !

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  3. Très belle histoire, en effet ! :)

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  4. On entend jouer la musique en lisant ce billet.

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  5. Claire12.3.20

    Il ne reste plus qu'à retrouver ce fameux violon !

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